Voyage aux Seychelles: Avec Ronny, y a pas de souci (1/2)

Envolons-nous maintenant pour les Seychelles, sur Mahé, une des  trois principales îles avec Praslin et La Digue. Il est très facile de changer d’île en prenant les bateaux Cat Cocos. Après une semaine fortement pluvieuse qui change un peu de l’image de carte postale ensoleillée qu’on se fait des Seychelles, je m’apprête maintenant à aller sur Praslin, en espérant que le temps sera meilleur là-bas ! Il faut quand même savoir que c’est une région tropicale et assez verte. On m’a informé qu’habituellement, à cette saison, il ne pleut pas autant. Je n’ai juste pas eu de chance. Le problème des Seychelles est que la majorité des sites à visiter se trouve en extérieur et lorsqu’il pleut, on ne peut pas faire grand chose, ou on fait comme moi, on y va quand même et on finit trempé et nauséabond à longueur de journée…

Le tour de l’île en 80 gouttes

 Bref, durant mes derniers jours sur l’île, on remarque une légère accalmie, je finis par voir le soleil après presque une semaine de nuages. Le lagon s’éclaircit et on admire enfin sa beauté, parce que tout reste assez terne lorsque le soleil ne rayonne pas. J’étais tellement désespéré hier que la proprio chez qui je logeais m’a conseillé de faire le tour de l’île en voiture. Je veux bien faire des efforts, mais quand il pleut trop, il pleut trop, je ne savais vraiment plus quoi faire. J’ai passé deux heures à grimper une montagne escarpée hier, pour avoir une vue inoubliable sur des nuages et un brouillard aussi dense qu’un gâteau de votre belle-mère !   Alors la motivation n’est pas au rendez-vous aujourd’hui. Une pluie comme celle-là, je n’avais encore jamais vu, je ne suis même pas sûr que les routes soient praticables, il me faudrait un bateau plutôt qu’une voiture.

C’est finalement une bonne idée, en faisant le tour de l’île je peux faire du repérage, en particulier d’endroits dont on n’entend pas trop parler, mais qui a mon avis valent le coup d’être vus. Je me rends au cap Ternay, la route est immonde, il y a juste assez de place pour une voiture avec quelques accotements où se garer si l’on voit quelqu’un en face, les bords de la route sont en plus craquelés, pour ne rien arranger. Autant dire qu’il faut accélérer les parties où il n’y a personne, afin de rester le moins longtemps possible dessus et avoir moins de chance de croiser quelqu’un. Il est également utile de faire quelques prières.

Je croise tout de même quelques voitures, cela passe finalement en effectuant quelques acrobaties. Je suis toujours étonné par ce genre de routes, on a l’impression que c’est impossible, mais on arrive toujours à passer. Ceci dit, c’est vraiment limite quelques fois et il ne faut pas se rater, parce qu’il n’y a pas de rambarde de sûreté là-bas, et l’on risque de dégringoler toute la forêt tropicale au moindre faux pas, c’est peut-être un bon moyen pour cueillir quelques fruits tropicaux au passage ! Ca m’a en tout cas l’air intéressant ! Plus sauvage, tu ne peux pas faire. C’est en plus la première fois que je vois une mangrove sur l’île. Je vais l’ajouter sur ma liste de sites à visiter.

Mangrove sur l'île de Mahé, Seychelles. Le ciel bleu se reflète dans l'eau au premier plan. Sur la droite on remarque deux barques bleu et orange, ainsi que des branches d'arbres. Sur la gauche, on voit une bouée blanche. En arrière plan, les arbres de la mangrove au milieu du plan d'eau avec leurs racines qui sortent de l'eau.
La mangrove

Et le soleil fut !

Le jour d’après, il fait enfin plutôt beau, ouf, j’ai presque cru que j’allais passer tout mon séjour sur Mahé dans la grisaille ! Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu’il faut que j’aille à Cap Ternay. Je m’y rends assez tôt, en ne croisant personne sur le chemin maudit. Même l’hôte chez qui j’étais m’a avoué que la route n’était vraiment pas terrible, alors si même les locaux le disent, c’est que ça ne doit pas être triste !  

Il faut vraiment s’adapter aux routes, comme il pleut souvent, les bords ne sont pas aménagés, on trouve simplement des rigoles assez profondes qui laissent l’eau couler. Donc, un petit moment d’inattention et vous vous retrouvez les quatre fers en l’air, il n’y a plus qu’à attendre la dépanneuse. Beaucoup de chiens sauvages gambadent également au bord des routes, ça n’empêche pas les seychellois de doubler en rasant les chiens, ils roulent souvent comme des mabouls, sur les îles. La nuit, il faut également faire très attention, car beaucoup d’habitants marchent au bord de la route. Comme les lampadaires sont peu courants, on ne voit les piétons parfois qu’au dernier moment et quelques voitures sont parfois arrêtées en plein milieu de la route sans raison apparente. J’en ai déjà vu un qui fumait sa cigarette en admirant le paysage. C’est une autre manière de vivre, il suffit de s’adapter et on s’en sort au bout de quelques jours.

Est-ce du lard, ou du cochon ?

J’arrive donc au Cap Ternay après avoir traversé la jolie mangrove. Je me gare, car il faut continuer la route à pieds pour arriver jusqu’à la plage. Plein de crabes rouges s’éclipsant lorsqu’on approche, bordent le chemin, on se sent observé sur cette petite route bétonnée. Il y a de quoi faire quelques marmites de soupe ! En chemin, je trouve une noix de coco, je la secoue et entends le liquide frapper les bords de la paroi, elle est bien pleine. Je la prends sous mon bras et me dis que je trouverai bien un moyen de l’ouvrir. Il faut noter que je ne parle pas d’une noix brune, comme on en trouve facilement chez nous en magasin. Celle-ci, lorsqu’elle tombe de l’arbre, est encore protégée par une grande coque verte, brunissant avec le temps et extrêmement fibreuse. Mais laissez-moi vous dire que celle-ci, vous ne la retirez ni avec vos ongles, ni avec un couteau Suisse !

Main tenant une  noix de coco verte aux Seychelles, sur l'île de Mahé. En arrière plan, on remarque du sable à gauche, l'océan à droite, ainsi que des cocotiers. La photo a été prise au crépuscule, lors du coucher de soleil, le ciel est rose violet .
Une petite noix de coco

Je suis maintenant proche de la plage. Deux hommes tiennent un stand avec des noix de coco à boire, habillées de fleurs d’hibiscus, ainsi que de nombreux fruits. Ils voient ma noix de coco et me proposent de l’ouvrir. Je m’y essaye également. Il suffit de percuter la coque sur un bâton pointu qui rentre dans les fibres, puis d’effectuer une rotation afin de libérer la noix.

On remarque un bâton pointu pour percer les coques de noix de coco sur la gauche. Un grand nombre de noix de coco brunes jonchent le sol et se trouvent au pied d'un arbre. On observe également le sable blanc de la plage sur le côté gauche, ainsi que des feuilles de palmier vertes sur le sol
Le bâton perceur de noix de coco

Heureusement qu’ils étaient là, sans équipement, il est quasiment impossible d’enlever cette protection. Croyez-moi, j’ai essayé sur des rochers pourtant légèrement pointus ! A peine ma noix de coco ouverte que Ronny, un des gérants, me propose une noix de coco à boire. Je n’ai pas trop le temps de dire grand-chose que je l’ai déjà dans les mains. Il me coupe également quelques fruits exotiques, une carambole etc… Les noix de coco à boire sont préparées différemment comme montré dans cette vidéo, cliquez sur la miniature ci-dessous:

On voit un Seychellois tenant une machette ou coupe coupe et qui est en train de préparer des noix de coco à jus qu'il coupe sur la plage. On voit du sable en arrière plan, ainsi que des palmiers.
Préparation des noix de coco à jus

Ronny parle français, car il était cuisinier à Bordeaux pendant 8 ans. Il est sympa, par contre, j’ai un peu peur, car je me suis fait légèrement arnaquer hier à la plage d’anse royale, un coin assez touristique. Un vendeur de noix de coco ambulant m’a assommé sur les prix, donc ça m’a légèrement refroidi. C’est parfois un peu dérangeant aux Seychelles, les prix sont assez élevés et le touriste est confondu avec une vache à lait, pourtant c’est bien des noix de coco que celui-ci provient !

Au premier plan, une main tient une noix de coco à boire décorée d'une fleur d'hibiscus rouge vif. En face, la plage de Cap Ternay sur l'île de Mahé aux Seychelles avec du sable blanc et un lagon bleu turquoise. On observe également une montagne avec des arbres verts sur la droite.
Santé !

Je demande donc tout de suite à Ronny combien je lui dois, pour pouvoir ensuite partir, avant qu’il ne me fasse goûter tous les fruits des Seychelles et me ruine. Celui-ci me répond « Avec Ronny, y a pas de soucis » Cela m’inquiète un petit peu, car c’est en général avec les gens qui prononcent de telles phrases qu’il y a des problèmes. Il continue à me couper des fruits et je le préviens que je ne payerai pas une fortune pour tout cela. Il est équipé, il sort un petit peu de ragoût de chauve-souris et me fait goûter. C’est très bon, Ronny est un bon cuisinier. J’espère juste ne pas provoquer un nouveau covid en mangeant cette nourriture exotique… Je m’apprête à payer, mais il me répond que l’on verra cela plus tard.

La plage est déserte et magnifique, j’ai bien fait de venir, le coin n’est pas le plus réputé, c’est pourtant un de ceux que je préfère ! Ronny me montre quelques bons endroits au loin où aller plonger. Il me propose de garder mes affaires, car des vols surviennent parfois sur la plage. Je m’en vais prendre quelques photos de cette plage paradisiaque. Je me demande si c’est la plus grande arnaque du siècle, ou s’ils sont vraiment sympas. J’imagine déjà leur laisser mon sac et à mon retour de la plongée, plus personne. Sur la plage, je me renseigne auprès d’allemands qui sont là apparemment tous les jours, ils me confirment que Ronny est aussi toujours présent pour vendre des noix de coco. J’en déduis qu’il doit être fiable, ça me rassure un peu.

Plongée dans l’inconnu

Je retourne là-bas, pose mes affaires et vais plonger. Je nage un bon moment, car il y a peu de fond et la distance pour arriver jusqu’aux récifs est grande.  Mais cela vaut la peine, j’observe de jolis poissons multicolores. Cliquez sur la miniature ci-dessous pour une plaisante session de plongée !

On voit plusieurs poissons rayés gris foncé et gris clair qui nagent dans l'océan turquoise de l'île de Mahé dans l'archipel des Seychelles.
Une petite plongée aux Seychelles

Je décide de revenir pour ne pas finir comme une écrevisse, cette escapade était imprévue et le soleil tape fort aux alentours de midi. Je suis légèrement sous tension, je ne suis pas sûr et certain de retrouver mes affaires. Après un bon nombre de brassées, je les vois sur le rivage. Ouf,  ils sont tous encore là sur ce stand de noix de coco !

Ronny me propose de me préparer une assiette pour midi, je lui réponds que ça ira, il faut que je parte, afin de visiter d’autres plages. Pendant que je me rhabille, Ronny prépare une assiette avec de la salade de papaye, du riz, ainsi que de la chauve-souris. Quand j’ai fini, il débarque avec. Maintenant qu’il a tout préparé, je ne vais pas lui renvoyer l’assiette dans la tête. Je commence mon repas, c’est très bon. Les os de chauve-souris sont très fins, ce n’est pas pratique à manger.

Entretemps un militaire arrive, il doit être gradé, car il  a quelques décorations. Je ne sais pas trop ce qu’il fait là, cet endroit est un parc marin protégé, c’est peut-être la raison de sa présence. Ronny fait parfois dans l’illégalité, je ne sais pas ce qu’il va se passer. Je fais également profil bas en mangeant mon repas. Apparemment aucun souci, le militaire rigole bien avec Ronny. J’ai l’impression qu’il connaît tous les habitants de l’île. J’apprendrai plus tard qu’il était durant 12 ans dans les commandos de la marine Seychelloise, il connaissait peut-être le militaire de cette époque.

Je m’apprête à partir en me demandant quel prix il compte me facturer, j’ai en effet beaucoup consommé, j’ai dû boire 4 noix de coco, il m’a prêté un masque de plongée, plus le plat à midi etc… Il me dit que je ne lui dois rien. La bouche m’en tombe presque. Moi qui m’attendais à une arnaque ! Je lui donne tout de même de l’argent pour tous ces services.

Il me montre du doigt un coquillage qui trône sur un rondin de bois. C’est un énorme machin qui doit peser 2 kg. Il me raconte que c’est un cadeau qu’on lui a fait. Il veut me le donner en me disant que je devrais l’offrir à ma famille. Je le refuse, disant que j’ai peu de place dans mes bagages, étant donné que ça aurait pu être une espèce protégée. Je me renseignerai plus tard sachant que le coquillage se nomme tête de bœuf. Ronny me propose également de repasser le lendemain pour m’apprendre à pêcher, et de faire un barbecue sur la plage. Je réponds que je repasserai peut-être, en sachant déjà que je ne reviendrai pas. Même s’ils ont l’air honnêtes, on se méfie toujours d’une potentielle entourloupe, on ne sait jamais ce qu’il peut se passer dans les pays étrangers, bien que les Seychelles soient une destination assez sûre. J’ai déjà pris quelques personnes en stop, ce que je n’aurais jamais fait en Afrique du Sud ! C’était en tout cas une sympathique expérience, je continue ma route et visite encore quelques plages.

Cet article étant relativement long, j’ai décidé de le scinder en deux parties. La suite au prochain épisode, car suite il y a 😉

Un coquillage tête de boeuf, appelé également Cassis Cornuta, ou casque cornu provenant des Seychelles. Celui-ci est rose orangé avec un peu de blanc au milieu. Il a une forme de poire. Il est posé dans l'herbe verte et l'on voit un mur blanc en arrière plan.
Le dit coquillage

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