Je vous propose aujourd’hui un article au titre un peu spécial. En effet, quand on pense voyage, ou vacances, on ne se demande pas trop comment l’on va survivre durant ce court laps de temps, mais plutôt comment on va profiter. Eh bien c’est assez vrai, mais cela dépend également de la destination vers laquelle on se rend et comment on voyage. Selon les destinations il y a certaines moeurs, ou spécificités à connaître. C’est aussi cela pour moi voyager, pas seulement poser ses fesses dans le transat à siroter un cocktail, mais c’est également s’adapter au pays, se renseigner, connaître sa culture, les us et coutumes etc…
Loin de moi l’idée de vouloir dézinguer la destination qu’est l’Afrique du Sud, je la recommande d’ailleurs fortement et c’est un voyage qui est superbe tant par la côté humain que par le côté paysage, mais j’y ai vécu pendant six mois et ce pays a tout de même ses spécificités qu’il faut connaître ! D’ailleurs, en arrivant, les habitants vous brieferont probablement directement, chacun ira de son histoire horrible et vous verrez vite quelques habitations qui ressemblent plus à un bunker qu’à un appartement…

De biens tristes chiffres !
Quelques chiffres pour bien commencer. Ce site a fait un classement des 50 villes les plus dangereuses du monde en 2021, quelques villes d’Afrique du Sud y sont présentes…
Le Cap se situe à la 11 ème place, Durban à la 35 ème et enfin, Johannesbourg à la 48 ème place. Je vous avoue que je suis étonné par ce classement, on m’a toujours dit qu’au Cap lorsqu’on vous braque c’est avec un couteau, à Johannesbourg, c’est avec un pistolet, pour vous donner un ordre d’idées… Les classements varient aussi avec les années. Je ne vous conseille de toute façon pas de visiter Johannesbourg, la ville est en effet surnommée la jungle de béton, ce n’est pas pour rien, très peu pour moi, je préfère voir la nature ! Le seul intérêt de Johannesbourg à mon sens est que le parc national Kruger est assez proche ! Ceci dit, plein d’autres parcs nationaux existent pour faire un safari !

Quelques anecdotes d’Afrique du Sud…
Avant de parler des façons de réduire les risques d’un séjour dans ce joli pays, je vous propose quelques anecdotes personnelles, ou que j’ai pu glaner par-ci par là durant mon voyage.
Je logeais à Bo-Kaap, un joli quartier parsemé de maisons colorées. Il paraît que le quartier craint un peu, j’ai vu à plusieurs reprises des personnes ouvrir grand leurs yeux et me dire “Il paraît que c’est dangereux” quand je leur ai dit que j’habitais à Bo-Kaap. J’ai pour ma part toujours trouvé le quartier sympa et très tranquille… Je pense qu’il est également toujours important de garder une bonne relation avec les personnes vivant dans la rue et il y en a un paquet en Afrique du Sud !

En arrivant pour la première fois dans la résidence où j’ai logé, j’ai été surpris par la hauteur des murs extérieurs qui devaient faire trois mètres, ses murs se finissant par du barbelé. Au mur, une petite affichette indiquant que la maison est protégée par alarme déclenchant l’arrivée de gardes armés. C’est en effet très courant en Afrique du Sud de faire appel à ces entreprises de sécurité qui ont l’autorisation de tirer sur l’agresseur. Les fenêtres possèdent toutes des barreaux métalliques, la porte d’entrée est précédée d’une avant-porte en métal elle aussi. Je revérifie tout de même l’adresse pour voir si je ne me suis pas trompé et ai atterri devant la prison du Cap, mais non, l’adresse est correcte. J’apprendrai plus tard que de très nombreuses maisons sont agencées de cette façon. Un exemple:

Pour me rassurer, on me raconte que certains cambrioleurs arrivent tout de même à crocheter l’avant-porte de métal et qu’il est déjà arrivé dans cette maison qu’ils arrivent à entrer, ils auraient mis un sac sur la tête des locataires, puis pris tout ce qui avait de la valeur. Je n’ai pas pu savoir si cette histoire est véridique, mais cela ne m’étonnerait pas.
Quelques mois après mon arrivée au Cap, un de nos colocataires néerlandais s’est retrouvé avec un couteau sous la gorge en pleine journée, au milieu des touristes, lorsqu’il marchait dans Bo-Kaap, afin de se faire alléger de son porte-feuilles. Stan était déjà un peu maboul, je peux vous dire qu’après cet évènement, on ne l’a plus souvent vu quitter sa chambre !
J’ai appris par plusieurs connaissances qu’un locataire d’une autre résidence de Bo-Kaap a reçu un coup de couteau proche du coeur, car il n’a pas voulu donner son porte-feuilles. Ce qui nous mène à la première recommandation qui est que lorsqu’on vous menace avec un couteau en Afrique du Sud, ne jouez pas au plus malin et donnez à l’agresseur ce qu’il veut sans poser de question et barrez-vous en courant lorsqu’ils ont ce qu’ils veulent si vous le pouvez, car il n’est pas exclu qu’ils vous donnent tout de même un coup de couteau ! Il est important de bien comprendre la situation de l’Afrique du Sud, ce ne sont pas des petites disparités économiques qui existent entre les classes sociales, mais des gouffres, ce qui provoque de fortes tensions entre autres, car il n’y a pas que cette raison ! Il faut bien comprendre que les gens qui vous attaquent n’ont absolument rien à perdre, ils ont une vie horrible, pas de travail, vivent dans une baraque de tôle sous le cagnard dans ce que l’on appelle un Township et sont probablement drogués et alcoolisés. Ceci est très bien illustré par le tristement célèbre Maleven ayant sévi à Johannesbourg. Si ce lien venait à ne plus fonctionner ou pour voir le reportage complet, il vous suffit de chercher Louis Theroux Maleven dans votre navigateur.
Je racontais souvent mes weekends à mes collègues de travail, quand une fois je décris à Edweena mon ascension de la Table Mountain depuis le jardin botanique de Kirstenbosch, celle-ci s’écria “Haibo” en écarquillant les yeux, signifiant sa surprise. Elle me raconta que c’est dangereux de monter là-haut seul, car comme c’est touristique, des petits malins vous attendent sur le chemin pour vous détrousser… J’ai donc eu de la chance !

Il faut savoir que ce ne sont pas que les touristes qui se font attaquer, les locaux en prennent aussi pour leur grade et pas obligatoirement les plus riches. J’allais souvent acheter des muffins à une dame qui tenait un stand dans un parc près de mon travail. Elle n’avait pas de job et survivait en vendant des bracelets et des bonnets faits main, ainsi que des muffins maison. Elle était contente, car il y avait une promotion sur les tables pliables dans un magasin local. Ce n’était pas bien cher, mais cela représentait déjà un bon investissement pour elle ! Je voyais son stand évoluer, quelques mois plus tard, elle était contente d’avoir enfin pu acheter sa table sur laquelle étaient exposés tous ses biens. Mais c’était une situation un peu désespérée, car elle m’a raconté s’être faite détrousser un soir, pourtant il n’y avait probablement pas grand chose à voler ! Elle souhaitait investir dans une machine permettant de payer par carte, pour ne pas se faire voler son cash, mais le problème est qu’elle avait trop peu d’argent pour ouvrir un compte bancaire…
Ca peut sembler ridicule, mais comme j’étais souvent à pieds lorsque je rentrais du travail, je marchais parfois en zigzaguant, cela empêche d’être suivi. J’ai en effet remarqué deux fois des personnes en train d’essayer d’ouvrir mon sac à dos pendant que je marchais. J’ai pu les voir en remarquant une ombre courbée proche de la mienne avec une main tendue. L’ombre est assez marrante à voir, si l’on met de côté les conséquences que cela peut avoir. Il est en tout cas important de toujours surveiller ses arrières en regardant les miroirs des façades de magasins, les ombres et en changeant souvent de direction quand on le peut. Mais je vous avoue que c’est éreintant sur le long terme, car on ne peut jamais vraiment se balader détendu, en ville, en tout cas !
A la fin de mon séjour, j’ai fait tout le tour de l’Afrique du Sud en voyage organisé, le guide nous a bien sûr parlé des conseils de prudence et y est allé de son anecdote. Des touristes ayant débarqué à Johannesbourg ont pris un taxi depuis l’aéroport pour rejoindre le camion du tour organisé. Le dit taxi les a emmenés dans un endroit malfamé et les a détroussés. Ces touristes horrifiés, ont tout de suite repris l’avion pour retourner chez eux et n’ont jamais vu le camion du tour. Je suppose qu’ils n’ont jamais remis les pieds en Afrique du Sud !
Ma chef de stage, Chazanne, est originaire de Durban, elle se trouvait un jour en voiture avec sa mère, lorsqu’elles se sont faites braquer par un individu armé. La mère de Chazanne étant apparemment connue pour faire ce type de gaffes n’avait pas bien compris et demandé à l’individu si elles pouvaient l’aider. Toutes deux sont finalement rentrées sans voiture…

Une dernière anecdote pour vous montrer que vous n’êtes pas en position de force. Je prenais des cours de Djembé après le travail. Mon professeur, Sidy, m’a dit un jour, bien qu’il ait été un ami “Fais attention, j’ai vu que des enfants voulaient essayer d’ouvrir ton sac à dos quand tu es parti l’autre jour. Je voulais dire quelques chose, mais moi en tant que noir, je ne peux rien dire si un blanc se fait voler.” Tout cela pour vous montrer que s’il arrive quelque chose, ne comptez pas trop sur le fait que quelqu’un puisse vous aider…
Après cette présentation atroce, je vous rassure, car il ne m’est rien arrivé pendant mes six mois en Afrique du Sud. Enfin j’ai perdu un porte-feuilles, mais je ne sais toujours pas si je l’ai simplement oublié dans un taxi, ou si on me l’a chipé lorsque je me dirigeais vers un restaurant… Et les objets trouvés n’existent pas vraiment en Afrique du Sud, si vous perdez quoi que ce soit, n’espérez pas que quelqu’un vous rapporte votre objet !
L’article étant long, je l’ai scindé et vous donnerai les conseils à proprement parler que j’ai pu glaner au cours de mon voyage pour vous prémunir au maximum de ce qui pourrait vous arriver dans le prochain article. A bientôt !
Un avis sur « Survivre à son séjour en Afrique du Sud (1/2) »